mercredi 21 octobre 2009

Chronique de guerre

17 Janvier 1991.

Je me réveille à l’aube dans la chambre d’un hôtel du 9eme arrondissement de Paris.

Dehors, il fait froid et Paris peine à s’éveiller. Ma Mère, une droguée des nouvelles, a décidé de me faire découvrir CNN, une chaine américaine d’information en continue dès le réveil. Encore méconnue du grand public, cette chaine sera la révélation de cette guerre des temps modernes.

A l’écran, les « journalistes – héros » de CNN filment le ciel de Bagdad à l’aide d’une camera infrarouge. Bagdad a bizarrement un ciel tout vert. Des balles de la DCA Irakienne laissent des traces dans le ciel tandis que des déflagrations l’illuminent. Les furtifs de l’U.S. Air Force sont entrés en action.

Pause. Rewind.

Deux semaines auparavant, les chancelleries occidentales avaient décidé d’évacuer leurs ressortissants des pays du Golfe. Les familles ont le choix entre partir ou rester. Quoi qu’il arrive, la priorité est aux femmes et aux enfants. Les Palestiniens n’ont en revanche pas le choix et payeront le prix du soutien d’Arafat à Saddam qui balance des scuds sur Israël. Ils seront expulsés manu badaoui par les autorités locales faisant fi de l’hypocrite solidarité Arabe.

Nous ferons partie de la dernière vague des rapatriés aux frais de la République et de la princesse, laissant mon Père derrière. Avant notre départ, nous avons orné toutes les vitres et fenêtres de la maison de ruban adhésif… l’arme secrète mise à disposition par le bouiboui du coin pour se protéger contre d’éventuelles attaques chimiques. Des caisses de bouteilles d’eau ainsi que de nombreuses conserves ont été stockées dans une des pièces de l’appartement.

Mon école se vide un peu plus tous les jours de ses élèves. Ma Mère est venue me chercher en plein milieu du cours de mon instituteur de C.M.1. Je crois que j’ai pleuré.

Pendant ce temps, les G.I.s prenaient possession des hôtels de la ville. C’est le calme avant Desert Storm… le nouveau nom originalement débile de l’opération militaire dont seuls les Américains ont le secret. Ils sont en vacances, draguent les jeunes collégiennes qui se baignent le week-end à la plage et cherchent à échanger leurs rations dégueulasses avec celles des paras français.

Je ne comprenais pas pourquoi on partait. En réalité, tout allait bien.

Changement de décor et de température. La France est prise de panique et ses supermarchés pris d’assaut comme si les Irakiens avaient contourné la ligne Maginot. Putain… si nous avions su, nous serions restés là-bas !

Je suis inscrit au Lycée Molière « par précaution » dans le cas où le conflit s’éterniserait et le Moyen-Orient serait atomisé.

Nous avons séjourné deux semaines à Paris. Deux semaines passées à regarder CNN, TF1, Antenne 2, FR3 et les Inconnus, à visiter quelques musées et au téléphone avec mon Père.

A notre retour, nous nous aperçûmes que nous avions un peu exagéré sur le stock d’eau et sur le ruban adhésif. Les vitres et les fenêtres en portent encore des traces collantes.
Disons que c’est comme un réflexe…

La guerre nous poursuit encore. Toutefois, nous ne nous demandons plus à quand la fin, mais plutôt à quand la prochaine.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellent Pull, j'ai adoré l'histoire, le style, et les quelques allusions comiques...

J'ai aussi surtout adoré la photo de la radio des parents un peu plus bas... tu devrais la poster sur Facebook et voir si quelqu'un n'aurait pas la même !

Grosses bises,


Pierrot

Anonyme a dit…

Merde... "Je crois que j'ai pleuré"... T'aurais pu aussi mentionner que c'etait en plein cours d'arabo-egyptologie!
Meme pas pensé à moi... Ingrat...