samedi 20 octobre 2012

Habemus Bordelum


Ceci n’est pas un blog politique.

L’homme en blanc avance lentement mais sûrement. Plus rapidement en tous cas que son prédécesseur. Une haie d’honneur de la garde républicaine en costume d’apparat borde le tapis rouge dans le couloir menant  à la salle des fêtes de Baabda.

Les journalistes sont un peu l’écart mais couvrent bien l’évènement pendant la trêve politique. Ils se tiennent derrière un cordon, rouge lui aussi.

Peu importe la chaîne de télévision sur laquelle un foyer est branché, elles retransmettent toutes cette visite officielle. Seul l’angle de la caméra diffère d’une chaîne à l’autre.

« Votre Sainteté ! Bénissez les médias ! » Crie en français à l’homme en blanc une journaliste couvrant l’évènement en direct du palais présidentiel. Celui-ci s’arrête ainsi que son hôte à sa droite. Les autres journalistes en direct du studio rient de l’audace de leur consoeur.

Le Pape s’arrête. Il marmonne quelque chose, une prière sans doute – je me demande encore laquelle – et bénit donc nos chers journalistes.

Oh ! Oui, très Saint Père, bénissez nos chers médias libanais !

Bénissez ces médias télévisés, promoteurs d’une régression culturelle ; cette télévision qui abrutit nos enfants, matraque la ménagère de moins de cinquante ans de publicités tous les quarts d’heure. 

Bénissez ces médias sur lesquels du matin au soir, à l’écran comme sur les ondes, des talk-shows politiques sans contradicteurs se succèdent à la place de débats et au détriment d’un journalisme objectif et libre.  

Bénissez les sites Internet d’actualité libanaise autorisant les internautes dans des forums à déverser leur fiel et se livrer à des insultes par avatars interposés sans aucun contrôle.

Bénissez les journalistes dont une majorité se cache derrière la liberté de la presse sans être libres.

Bénissez les médias en quête de scoops invérifiés ou provocants, souvent à côté de la plaque ou de l’information.

Bénissez ces médias qui encouragent les dissensions communautaires au nom de la liberté d’expression.

Bénissez les journaux télévisés qui à l’heure de la Grande Messe locale de 20 heures débutent leur édition par un message politique au lieu d’une analyse.

Bénissez ces médias, porte-voix des différents courants politiques qui mènent une politique du gouffre.

Bénissez les médias qui véhiculent « la petite phrase ».

Bénissez ces médias qui relayent les messages souvent haineux dans un pays que l’on se vante de surnommer le « Pays-Message ».

J’ai cru vomir. J’en avais la nausée.

Hier, Achrafieh était frappée d’un attentat. Chacun y va de sa petite opinion.

Faut-il avoir peur d’attentats ou de leurs conséquences ? Qui portera la responsabilité de leurs conséquences ?

Nous avons longtemps dansé sur un volcan. Trop longtemps. S’apprête-t-il à exploser ?

Seul Dieu le sait.

Et le Pape ?

1 commentaire:

'Tsuki a dit…

D'accord avec toi à 100 %. Les médias, c'est étudier pour faire régresser les gens. C'est affligeant à quel point, et c'est incompréhensible que les gens ne se rendent pas compte à quel point.

Mais en fait, peut-être que le pape ne les aura pas bénit... Tout le monde a supposé que c'était une bénédiction, en réponse à cette femme, mais peut-être a-t-il cité Jésus : "Seigneur, pardonne-leur, parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font. Vraiment pas."